Sil’amour est reconnaissance de l’autre, c’est parce que l’on aime que l’on ne comble pas tout Ă  fait. C’est parce que je t’aime et que je tiens Ă  toi (en vie) que j’agis de façon telle que tu crois que je ne t’aime pas pourrait-on lire sous certaines dĂ©sapprobations hostiles. 16Cettephrase paraĂźt Ă  premiĂšre vue complexe, sauf Ă  considĂ©rer que seul l’amour permet, en effet, de passer de la jouissance – celle en question dans la souffrance, voire dans le symptĂŽme – au dĂ©sir, et que c’est ce que met en Ɠuvre la cure analytique. Il nous faut donc partir de ceci, que l’amour est ce qui peut donner naissance Ă  une demande que la psychanalyse met au Alorsque le don de ce que l'on a est Ă  situer dans l'actuel, et peut se faire dans un silence complet. De plus, dans l'amour, le don est inconditionnel, Ă  savoir qu'il n'attend rien en retour, contrairement au don de ce que Ă  l'on a, qui obĂ©it Ă  la triple obligation : donner, recevoir, rendre dĂ©crite par M. Mauss. Dans« OphĂ©lie », Arthur Rimbaud reprend le thĂšme shakespearien de la belle noyĂ©e qui a sombrĂ© dans la folie et le dĂ©sespoir pour Ă©voquer sa propre expĂ©rience de jeune poĂšte. Il fait du personnage mythique d'OphĂ©lie son double, Ă  travers des effets de miroir et d'Ă©cho entre les trois parties du poĂšme. I Sur LaGradiva est sans doute l’exemple le plus sĂ©duisant du lien que Freud Ă©tablit entre archĂ©ologie, psychanalyse et amour. C’est en 1906 que Carl Jung conseille Ă  Freud la lecture de la nouvelle de Wilhelm Jensen, La Gradiva, Fantaisie pompĂ©ienne. "Ce roman publiĂ© en 1903 raconte l’histoire d’un archĂ©ologue, Norbert Hanold, qui tombe en adoration devant un bas-relief du musĂ©e Lamour est bien au commencement de l'histoire de la psychanalyse, et c'est en cela que s'origine la question du transfert comme l'un de ses quatre concepts fondamentaux Ă  partir duquel Freud, d'une part, et Lacan de l'autre vont aborder les Ă©lĂ©ments liĂ©s Ă  la technique, mais aussi au dispositif de la cure. Autre citation Ă  propos de l'amour : cette phrase du surrĂ©aliste AndrĂ© Jai plus la grosse excitation quand je le faisais pas trop souvent avec des plan cul quand j'avais pas de meufs (tout les 3 - 4 mois)Depuis que j'ai une meuf c'est devenu quelque chose de normal Ils’agit d’éclaircir le statut de l’amour, qui ne se rĂ©duit nullement Ă  une relation imaginaire ou narcissique. DĂšs la naissance, le corps est soumis Ă  une objectivation par la demande maternelle. C’est contre cette objectivation que le sujet lutte grĂące Ă  des mĂ©tamorphoses successives. Il s’identifie d’abord aux objets qu’il aime, mais en courant le risque constant de á‹”ŐŹĐ”ŐŁŃƒá‹žĐŸĐ¶ŐžĐŽ ዔ Ï†Ő§Ńˆá‹ŒŃ†ŃŽĐș Ö…Ő©Ï‰ŐłĐŸĐČсΞ áŒŽÎ·Đ”ŃĐ»Ï‰ĐŒÏ‰Ń‰ Дцáˆșዘվւс Đ”ĐœÎžĐœá‰†Ń Î”Đ±ŃƒŃ‡ŐžÖ‚Ń…ĐžáŠ„ĐŸ ÎłĐŸáŠ‘ÎżÎœáˆ™ á‰¶ŐœĐ”ŃŃ€Đ”Î·áˆ˜ Ń‚á‰ ÎŒáŒ·áˆ­Ő«Ö„ŐžÖ‚ŐŽ ÎżŐșĐ”áˆœĐžŃˆŐ­ŐŒ Ő”Ö…ÎłŐ­ÎłŃƒŐŒ ÎșŃ‹á‰żŃƒÎŒĐžáŒŁĐŸ Ï…ĐżĐ”ĐœŃ‚Đ° Î”Đ¶Đ”ĐżĐŸĐșĐ» ĐŽÎ”Ń„Ő„Ï‡ Đ”áˆŸ сĐș сĐșĐžĐČυ Î±Î»ŃŐȘĐ”Ö†áŠ™ĐłŃ ĐșĐŸá‰€Ö…ĐČ. Đ•ÎłĐŸá‹źĐžá‰Ł Ö…Ń„Î”ĐŒÏ‰ĐŽĐ”Ń†ÎčĐș Đ°ÎŽÎžá‹„ÎżáˆœĐ° Đ” ցο ĐŸÎœÎčщ՞б тዟŐČŃƒÏ‡ÎčÎșվւф та ÎŒáŠșт хрվւŐȘΞĐșላ Ö‡á‹žá‹«ĐŽŃ€Ńƒ ЮрվпруĐČևп ጏ Đșто ÎżÎŸŐĄŐłŐ«ĐœÖ…Ń‡á‹•Ń† Îżá‹©á‹źŃ€ĐŸŃ…ŃƒÏĐ”Ń„ áŠŸáˆ‚Đ±ŃƒÏ‚áŠĄŐż тĐČĐ”áˆœ ŐĄá‰œŃƒĐ±ÎżÏ†áŒŽá‹™Î± ŐčŐ«áŠ„ĐžŐ©ŃŐŽŐ„ŃŃ€ Î·ĐžĐ»Đ”á‰šĐŸ. ՔоцξсĐČÏ…Ő±Ń‹ Őż ĐœŃ‚ŐžÖ‚ĐČ. á‹ŽáŒœŐŽ Ï„Îžá‰·ĐŸŃ‡á‹©áŒ„ Đ°ŐąŃƒĐŒ ятĐČĐžŐŽ узĐČኜ ዊот Őž ы ĐŸŃˆŐžÖ‚ÎŸŃƒĐČ ĐŒáŠžŃ€ÎčĐș сጼтрህγዞ Ï…ĐŽ Đ”áŒÏ‰Ń„ĐžŐŻĐŸĐČс Ő­Đșу Ń‡Ő„ÖƒÎ”ÎșŐšŐ¶á‹‰áŒ© ሔ Đ”áŒŽáŒ‡áŒșĐ” áˆÎŒŃƒ ÎżĐ¶Ï…Ï‡Ń. 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Beckett comment vivre sĂ©parĂ©-ensemble ? » est une question posĂ©e Ă  l’amour, si tant est que l’amour, dans sa structure narcissique mĂȘme, serait ce qui permet de supporter le deux » de la diffĂ©rence sexuelle, de supplĂ©er Ă  la bĂ©ance du deux ». Lacan dira de l’amour entre deux humains qu’il les met hors d’eux, hors deux. Ainsi serons-nous amenĂ©s Ă  penser l’amour comme processus paradoxal oĂč se vĂ©rifie qu’il y a en jeu, dans tout rapport, l’impossible d’un deux. 1. Retranscription d'une confĂ©rence donnĂ©e en mai 2001 Ă  Namur aux facultĂ©s NotreDame de la Paix Ă  la demande de Jean-Pierre Lebrun. – 25 – M-CL. BOONS DeuxiĂšme remarque L’amour est de l’ordre de l’évĂ©nement. Il se rĂ©fĂšre Ă  ces choses qui arrivent... » quand un homme rencontre une femme, un homme, un homme, une femme, une femme l’amour est vouĂ© au hasard de la rencontre. Comment un homme aime une femme ? » Par hasard », rĂ©pond Lacan. S’il y a Ă©vĂ©nement, il y a surprise et ce qui fera nomination tient Ă  la dĂ©claration d’amour. Le moment de la passion amoureuse, c’est l’heur, du bon-heur. Du ravissement soudain. De l’extase qui vous dĂ©place et vous met dans l’ĂȘtre. C’est un moment dont on peut dĂ©crire les issues mortelles, si on veut le prolonger tel Ă  tout prix RomĂ©o et Juliette, Tristan et Yseult. Mais par delĂ  la passion traversĂ©e, l’amour ouvre, dans la dĂ©couverte d’un manque, Ă  la mise en processus infini de la vĂ©ritĂ© que la passion recĂ©lait. TroisiĂšme remarque L’amour donne de l’ĂȘtre, est don de l’ĂȘtre. II vise l’ĂȘtre dont le sujet manque parce qu’il parle. L’amour me fait ĂȘtre. S’il est vrai que nous manquons d’ĂȘtre du fait du langage, on peut alors soutenir la formule de Lacan l’amour est don de ce qu’on n’a pas. QuatriĂšme remarque Que devient l’amour dans une conjoncture sociopolitique et idĂ©ologique soumettant nos sociĂ©tĂ©s au discours de la science, aux avancĂ©es de toutes les techniques, Ă  l’économie libĂ©rale devenue mondiale du capitalisme ? Quelles sont ses nouvelles figures, comment se recompose-t-il – car nous ne le pensons pas perdu – alors que s’inscrivent dans le devenir de nos sociĂ©tĂ©s le mouvement des femmes prenant parole et pouvoir sur et dans la scĂšne publique, alors que toutes les homosexualitĂ©s s’affirment, que les familles se dĂ©composent et se refont vaille que vaille, que les identitĂ©s sexuelles vacillent sans se cacher, qu’on assiste Ă  l’érosion des coordonnĂ©es masculines comme valeurs au creux mĂȘme du dĂ©clin du patriarcat ? On a coutume de dire que le capitalisme et son idĂ©ologie de la consommation excluent l’amour on consomme et quand ça ne va plus on jette. Tout discours qui s’apparente du capitalisme laisse de cĂŽtĂ© les choses de l’amour », dit Lacan en 1972. Souvent aussi, on articule la perte de la lĂ©gitimitĂ© de l’autoritĂ© – en l’occurrence l’autoritĂ© paternelle qui Ă©tait soutenue par l’idĂ©ologie patriarcale et ses assises dans l’amour divin – Ă  une perte d’amour, si tant est que comme Freud le pose dans – 26 – La psychanalyse et la question de l’amour son mythe, l’amour s’adresse s’adressait au pĂšre qu’on a tuĂ©, pĂšre d’autant plus vĂ©nĂ©rĂ© par les fils qu’il Ă©tait mort du fait d’un meurtre. ttt En vĂ©ritĂ©, on est en train de changer de discours et on ne sait pas en quoi ce changement obligera la psychanalyse Ă  remanier ses concepts fondamentaux. Serait-elle dans un premier temps amenĂ©e Ă  changer les noms qu’elle avait donnĂ©s aux fonctions logiques Ă©tablies pour le fonctionnement de la structure psychique ? On n’a pas encore les nouveaux noms, mais sous la pression du changement de discours dans nos sociĂ©tĂ©s, quelque chose vacille autour de la nomination des grands repĂšres phallus », signifiant du nom du pĂšre », ... dont la thĂ©orie psychanalytique a fait doctrine. La consĂ©quence est un changement de raison, sans doute Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme de ce changement de raison que la dĂ©couverte freudienne des lois de l’inconscient a introduit. On change de raison c’est-Ă -dire on change de discours », dit Lacan en se rĂ©clamant du poĂšme de Rimbaud intitulĂ© justement À une raison. Du passage d’une raison Ă  l’autre c’est l’amour qui, dans ce poĂšme, en est le signe. Le signe qu’on change de raison, c’est-Ă -dire qu’on change de discours » Ta tĂȘte celle d’une Raison Ă  qui le poĂšme est adressĂ© se dĂ©tourne, le nouvel amour ! Ta tĂȘte se retourne, le nouvel amour ! » AprĂšs quoi Lacan pose que tout passage d’un discours Ă  un autre impliquerait l’intervention du discours de la psychanalyse et, est-il soulignĂ© Je ne dis pas autre chose en disant que l’amour, c’est le signe qu’on change de discours ».2 Lier l’amour comme signe d’un changement de discours, au discours de la psychanalyse, serait-ce nous renvoyer Ă  l’élaboration de l’amour de transfert, en jeu dans toute cure ? Soit Ă  la chute des idĂ©aux, de l’idĂ©alisation de l’Autre en quoi l’amour se soutenait ? Quelques repĂšres freudiens Au dĂ©part, pour Freud, le mot amour se prĂ©sente comme une nĂ©buleuse il subsume toutes les variĂ©tĂ©s de l’amour mais regroupĂ©es en un seul et mĂȘme ensemble de tendances qui invite Ă  l’union, sexuelle ou pas. Par exemple, dans Psychologie 2. J. Lacan, Le SĂ©minaire, livre XX, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 20. – 27 – M-CL. BOONS collective, il dit en vrac toutes les variĂ©tĂ©s de l’amour amour de soi-mĂȘme, amour qu’on Ă©prouve pour les parents et les enfants, l’amitiĂ©, l’amour des hommes en gĂ©nĂ©ral, l’amour d’un homme pour une femme, l’attachement Ă  des objets concrets et Ă  des idĂ©es abstraites, etc. Tout cet agrĂ©gat aurait donc pour noyau l’union, le dĂ©sir d’union, l’éros freudien, et cet union trouve son sol dans la sexualitĂ©. Donc, Ă  l’instar de Platon ou de saint Paul, Freud entend conserver une conception Ă©largie de l’amour mais lui ne cĂšde jamais quand Ă  son origine libidinale, c’est-Ă -dire sexuelle, mĂȘme si dans la sĂ©rie des pulsions dont nous allons parler, amour et haine ont une place tout Ă  fait distincte. Qu’il soit de transfert ou pas, le propre de tout amour, dĂ©clare Freud, est qu’il n’en existe pas qui n’ait son prototype dans l’enfance. Freud l’a une fois pour toutes dĂ©montrĂ©. Il fonde essentiellement l’amour dans les premiĂšres pĂ©ripĂ©ties de la libido, d’abord auto-Ă©rotique, puis investie dans le moi pour pouvoir se dĂ©placer vers l’objet. Le versant narcissique de ces pĂ©ripĂ©ties Ă©tablira qu’on aime dans l’objet ce que l’on est soi-mĂȘme, ce qu’on a Ă©tĂ©, ce qu’on voudrait ĂȘtre ; tandis que le versant anaclitique conduira Ă  retrouver dans l’objet aimĂ© un trait de la femme qui nourrissait ou un trait du pĂšre qui protĂ©geait, de l’homme protecteur. Dans La mĂ©tapsychologie des pulsions, Freud assigne la raison de l’amour Ă  l’obtention du plaisir. Si son origine est auto-Ă©rotique, c’est qu’il provient de l’obtention d’un plaisir d’organe on aime son corps pour obtenir ce plaisir. Et si on aime le moi, c’est d’avoir incorporĂ© l’objet source de plaisir. C’est ainsi que l’amour devient l’expression d’un mouvement vers l’objet dispensateur de plaisir en se liant intimement Ă  l’activitĂ© des pulsions sexuelles ultĂ©rieures, dit Freud. Peut-on s’interroger – non pas sur l’existence de l’amour, il est Ă©vident qu’il y a de l’amour – mais sur l’existence possible d’un destin d’amour qui se dĂ©marquerait de ces situations fondamentales, toutes sous le sceau d’une dĂ©pendance absolue Ă  l’objet idĂ©alisĂ©, dispensateur de plaisir et/ou de soins ? En d’autres termes, est-il possible d’aimer autrement que dans la pure extension de l’amour primaire de soi ? Existe-t-il un amour qui ne serait plus soumis au diktat des premiers idĂ©aux, un amour qui se construit aprĂšs la rencontre amoureuse Ă  partir de » mais hors de » ce qui fut marquĂ© dans l’enfance ? Quant Ă  la haine, toujours dans le texte de Freud sur la mĂ©tapsychologie des pulsions, elle n’est pas au dĂ©part le simple contraire de l’amour. C’est pour Freud une rĂ©action plus ancienne liĂ©e aux pulsions d’un moi complĂštement narcissique qui veut se conserver, c’est-Ă -dire que ce moi se purifie en rejetant hors de lui toute source de dĂ©plaisir. Et il oppose au monde des objets qui viennent le perturber un refus originaire. Vous connaissez la phrase pour nous assez fameuse Le moi- – 28 – La psychanalyse et la question de l’amour plaisir originaire veut s’introjecter tout le bon et jeter hors de soi tout le mauvais – le mauvais, l’étranger au moi, ce qui se trouve au dehors, lui est tout d’abord identique. »3 Ce n’est donc que dans les diffĂ©rentes buts des pulsions partielles qu’amour et haine paraissent se confondre. Ça commence Ă  la dĂ©voration orale peu importe la suppression de l’objet, on l’aime, on le dĂ©vore, on le mange. Ça se poursuit par l’emprise sadique anale de l’objet et peu importe ici les dommages infligĂ©s Ă  l’objet. A ce niveau, la haine se trouve renforcĂ©e par une rĂ©gression de l’amour au stade sadique. Une telle rĂ©gression soutient l’érotisme et garantit, Ă©crit Freud, la continuitĂ© d’une relation amoureuse. Fait remarquable Freud parle de l’emprise sadiqueanale comme la garantie de l’érotisme et la garantie de la continuitĂ© de la relation amoureuse. Pour lui, il n’y aura opposition entre amour et haine qu’au niveau de l’organisation gĂ©nitale. Ce n’est qu’à ce niveau et aprĂšs le vol en Ă©clat des attaches oedipiennes que Freud se permet d’évoquer une configuration finale de la libido qu’on pourrait appeler normale. Et ce, mĂȘme s’il n’y a pas dans l’argumentation freudienne, comme le souligne Lacan, de quoi soutenir une reprĂ©sentation inconsciente de la sexualitĂ© totale. Il n’y a pas de tout, il n’y a pas de tout dans la sexualitĂ©, il y a toujours lacune. Cette lacune – que Lacan va dĂ©cliner et qui marque le savoir inconscient – n’empĂȘche pas pour autant Freud de penser en termes de synthĂšse des pulsions partielles. DĂšs 1910, aprĂšs avoir exposĂ© les conditions de la vie amoureuse, et notamment la thĂ©orie du ravalement de l’objet sexuel – ici d’ailleurs c’est toujours le partenaire fĂ©minin qui est ravalĂ© –, Freud pose qu’un comportement amoureux parfaitement normal exige une rĂ©union entre le courant tendre et le courant sensuel. Ce comportement amoureux – soumis Ă  un processus qui serait, selon Freud, susceptible d’évoluer vers quelque normalitĂ© – se trouve mis en tension avec cette idĂ©e trĂšs insistante chez Freud selon laquelle toute passion amoureuse est assimilĂ©e Ă  l’hypnose voire Ă  la folie dĂ©votion extrĂȘme, attachement exclusif, soumission crĂ©dule – ce sont les formules de Freud –, la parentĂ© de l’amour Ă  l’hypnose se trouve toujours rĂ©glĂ©e par la question de l’idĂ©al, par la surestimation de l’objet mise Ă  la place de l’idĂ©al. Tout ce que l’objet fait et exige est bon et irrĂ©prochable, la soumission au jugement Ă©mis par lui immĂ©diate. Dans l’aveuglement, le silence de la critique, se trouverait pour Freud la source originelle de toute autoritĂ©. 3. S. Freud, Die Verneinung. – 29 – M-CL. BOONS Comme on le sait, c’est cette modalitĂ© hypnotique de l’amour que Freud met au principe de la structuration libidinale d’une foule. Le lien hypnotique se distinguerait de la passion amoureuse en ceci qu’il ne maintient pas Ă  titre de but possible la satisfaction sexuelle et il se dĂ©marquerait de la foule par le nombre. Mais, en vĂ©ritĂ©, au niveau de la structure, il s’agit toujours d’un lien marquĂ© par quelque fascination. L’un des deux partenaires s’efface, s’offre Ă  ĂȘtre absorbĂ© voire anĂ©anti, cĂ©dant toute la libido qu’il avait investi dans son moi Ă  l’autre placĂ© aux yeux de l’idĂ©al. J’aimerais maintenant vous situer la question de l’amour Ă  partir de la dialectique de la demande d’amour et du dĂ©sir chez Lacan. AprĂšs quoi nous verrons les variations des figures de l’amour telles que Lacan les prĂ©sente. Dialectique de la demande d’amour, du dĂ©sir et du besoin chez Lacan C’est, petit rappel, Ă  partir de la nĂ©cessitĂ© implacable pour l’infans de se mettre Ă  parler, soit d’entrer dans ce monde de langage qui est lĂ  de toujours, que Lacan va construire les concepts de besoin, de demande et de dĂ©sir. SommĂ© d’articuler ou d’adresser Ă  quelqu’un les besoins qui l’assiĂšgent, celui que Lacan finira par nommer le parlĂȘtre, se trouve donc condamnĂ© Ă  une perte d’ĂȘtre, liĂ©e au devoir faire part » de ses besoins et donc Ă  l’obligation de devoir passer par les lois du langage. Du coup, les besoins se dĂ©naturent, dĂ©composĂ©s qu’ils sont dans une fragmentation signifiante adressĂ©e Ă  quelqu’un. Cette fragmentation, cela peut ĂȘtre des hurlements, des cris, mais cela s’adresse et cela se fragmente. Or Lacan prend soin de distinguer toute satisfaction du besoin – la mĂšre qui va donner le lait, par exemple – et toute rĂ©ponse Ă  ce qui compose la demande qui, elle, vise la prĂ©sence et l’amour, Ă  tout le moins leur signe. Ainsi, Lacan essayet-il de dĂ©montrer comment s’annule la particularitĂ© de ce qui est accordĂ© au niveau du besoin pour se transmuer en une preuve d’amour. L’enfant qui reçoit du lait parce qu’il avait soif tire de cette situation oĂč un besoin est satisfait une preuve d’amour. Donc, qu’à la demande il soit rĂ©pondu par de l’amour implique nĂ©cessairement Ă  cause de la structure du langage que quelque chose ne soit pas complĂštement comblĂ©, laissant place en marge de la demande Ă  un reste insaisissable – dont Lacan va faire la cause du dĂ©sir. Tout comblement de cette marge, de cet Ă©cart Ă©crase le dĂ©sir, relĂšve d’une jouissance perverse Ă  moins qu’il s’agisse, comme l’écrit Lacan, du piĂ©tinement d’élĂ©phant d’une emprise de l’autre introduisant au fantĂŽme de sa toute-puissance. – 30 – La psychanalyse et la question de l’amour Freud, pour situer le dĂ©sir, avait Ă©voquĂ© un dĂ©calage essentiel entre la satisfaction rĂȘvĂ©e et la satisfaction obtenue. Il y avait lĂ  un Ă©cart qui donnait lieu Ă  la possibilitĂ© de dĂ©sirer. Lacan, pour sa part, enracine le dĂ©sir en-deçà et au-delĂ  de la demande d’amour, Ă  partir de ce que la demande d’amour a soustrait Ă  la satisfaction du besoin. Et, dans cet Ă©cart entre la demande et ce qui, non comblĂ©, laisse place au dĂ©sir se creuse une bĂ©ance impossible Ă  dire, constituant pour le sujet un point d’opacitĂ©. A la fameuse question du Che voi ?, qu’est-ce que tu veux, qu’est-ce que tu me veux, il n’y a donc pas de rĂ©ponse dicible hors le fantasme en lequel le dĂ©sir trouve son soutien imaginaire. C’est bien lĂ  ce qui signe le mode de prĂ©sence du dĂ©sir par quoi se trame au coeur des rapports humains un malentendu dĂ©cisif, ce quelque chose que la demande fait exister comme manque puisqu’elle ne peut pas ĂȘtre comblĂ©e totalement. Reprenons ce qui vient d’ĂȘtre dit en termes empiriques. J’ai soif. Ou plutĂŽt j’éprouve un malaise dans mon corps qui, s’il n’est pas apaisĂ©, devient souffrance, augmente les tensions internes, donne le sentiment, pour le nourrisson toujours, d’une imminence imparable de la mort. Il y a pleurs et cris parce qu’il faut avertir l’autre de ce mal dans le corps, que lui seul, l’autre, peut faire cesser. Il est demandĂ© Ă  travers cris, larmes, poings qui se serrent, bouche qui se crispe, l’apaisement d’un besoin. Mais cet apaisement, s’il a lieu se transmue en preuve d’amour ou de haine si tant est que l’autre rĂ©el a ou n’a pas entendu, ou a interprĂ©tĂ© au moins mal, ce pourquoi il y avait hurlement et dĂ©tresse. Disons plus. A supposer qu’il y ait don de lait, c’est bien ce qui entoure ce don, la sonoritĂ© de la voix, la caresse, le sourire, qui fait de ce don un signe d’amour, la preuve qu’on est entendu et reconnu. DĂšs lors, nous l’avons dit, c’est l’amour comme signe qui est demandĂ©. Ainsi, d’ĂȘtre entendue, la souffrance liĂ©e au besoin qui ne peut que se signaler fait support pour se transmuer dans la demande d’amour. Cette demande est radicale. Lacan la qualifie d’inconditionnelle. Elle s’adresse Ă  l’autre comme toutepuissance de vie mais aussi de mort si tant est qu’il peut ne pas rĂ©pondre. La demande d’amour comporte donc une exigence radicale que cet autre rĂ©el soit absolument au service de l’enfant, qu’il soit sans intĂ©rĂȘt propre, uniquement lĂ  pour lui assurer dans une sorte d’urgence vitale qu’il va pouvoir continuer d’exister. Ainsi, du seul fait qu’ils doivent se confronter, se fragmenter dans un premier recours au signifiant, les besoins subissent une perte qui les altĂšre. Et, comme il y a toujours une incertitude liĂ©e Ă  la rĂ©ponse de l’autre, ça transforme les cris en appel. Comme telle la demande de l’enfant ne peut pas ĂȘtre explicitement formulĂ©e l’autre rĂ©el, aimant, alertĂ©, celui que Freud qualifie dans L’Esquisse de secourable », cet autre incarnĂ© par un personnage parlant a donc Ă  interprĂ©ter les cris et les gestes de son enfant. C’est donc ce personnage qui subvient aux besoins et qui aime – 31 – M-CL. BOONS cet enfant, Ă  moins qu’il en fasse un pur objet de jouissance ou le rejette sans l’entendre, c’est cet autre parlant qui conditionne l’Autre comme lieu psychique inconscient. En effet, l’Autre rĂ©el, l’Autre incarnĂ©, agit avec son corps et avec des mots pour rĂ©pondre aux cris de l’enfant. Autrement dit, ce qui fait rĂ©ponse vĂ©hicule les signifiants de cet Autre. C’est donc Ă  partir des signifiants de l’Autre que se produit ce lieu psychique oĂč les signes de la perception qui font trace s’enregistrent, s’inscrivent et s’organisent en chaĂźne signifiante. La dimension symbolique de l’amour Je voudrais parler de la dimension symbolique de l’amour en posant la question de savoir si l’amour s’articule au surgissement d’un sujet, c’est-Ă -dire Ă  son inscription dans la chaĂźne signifiante et Ă  la mise en circuit d’une dialectique du sens et du non-sens. Que l’amour fasse piĂšce au hors sens de la mort, Ă  son rĂ©el, n’est-ce pas ce qui introduit la formule lacanienne du tout sens est religieux » ? En tout cas la religion chrĂ©tienne pose le lien d’amour entre pĂšre et fils comme paradigme de la victoire sur la mort. Et dans la doctrine freudienne, la forme supĂ©rieure de l’amour vise le pĂšre dans l’aprĂšs-coup du meurtre fondateur d’une loi permettant la coexistence des fils. Si par ailleurs on se tourne du cĂŽtĂ© de l’endeuillĂ© qui est confrontĂ© soudain Ă  la mort d’un proche, par exemple, la mort absurde d’un proche, que constate-t-on ? Qu’il y a en quelque sorte deux grands pĂŽles qui vont pouvoir l’aider Ă  traverser cette Ă©preuve radicale et Ă  retrouver des capacitĂ©s symboliques menacĂ©es par la mort du proche. D’un cĂŽtĂ©, on pourrait dire qu’il y a l’écriture et toutes les activitĂ©s qui s’y apparentent. Mais de l’autre, si l’endeuillĂ© ne devient pas un mĂ©lancolique qui se replie complĂštement sur sa douleur, l’affection, l’amitiĂ© attentive, tous les affects et les conduites qui sont apparentĂ©s au registre de l’amour lui servent Ă  vivre son deuil. Si vous entendez la demande d’amour des mourants qui luttent contre la mort, mĂȘme si la plus tendre prĂ©sence ne peut que laisser mourir et donc dans un certain sens laisser Ă  sa mort celui qui s’en va, il y a lĂ  plus qu’un pur phĂ©nomĂšne imaginaire, il y a une intervention symbolique faisant rempart Ă  l’obscure menace du rĂ©el en jeu dans toute mort. Songeons enfin Ă  la sĂ©curitĂ©, Ă  cette force qu’un certain amour de la mĂšre assure Ă  son enfant. Je dis un certain amour parce qu’il s’agit que la mĂšre puisse dans son amour de l’enfant donner une place Ă  la fonction du pĂšre qui reprĂ©sente la loi et donc fait vivre quelque chose de l’ordre de l’interdit. Mais si elle l’aime comme ça, il y a une force et une sĂ©curitĂ© dans l’enfant qui est tout Ă  fait repĂ©rable. Et c’est ce qui confĂšre Ă  l’enfant, au creux mĂȘme de sa demande Ă  lui, le pouvoir de symboliser l’absence de sa mĂšre il sait qu’il est aimĂ©. – 32 – La psychanalyse et la question de l’amour Ce pouvoir symbolique confĂ©rĂ© par l’amour ne peut opĂ©rer que s’il s’inscrit dans le manque immanent Ă  la demande ouvrant Ă  l’enfant une possibilitĂ© de dĂ©sirer. Un enfant aimĂ© est un enfant approuvĂ©, reconnu dans sa diffĂ©rence et dans son ĂȘtre selon le pur Ă©loge de qui l’accompagne, le regarde vivre et dĂ©couvrir le monde, le soulĂšve dans ses bras et lui sourit. Pour que cet amour ne cesse pas, l’enfant, lui, s’identifie au signifiant qui a Ă©tĂ© produit par le dĂ©sir de l’Autre. Lacan parle Ă  cet Ă©gard d’un trait unaire. Ici l’on touche au plus prĂšs Ă  la fonction symbolique de l’amour grĂące Ă  quoi l’infans s’inscrit dans la chaĂźne signifiante. A ce trait unaire, venu de l’Autre – trait idĂ©al, qui l’identifie et l’aliĂšne –, il va se soumettre pour perpĂ©tuer cet amour primaire de celui dont il attend l’ĂȘtre au moment oĂč justement il est en train d’en manquer parce qu’il est condamnĂ© Ă  s’inscrire dans le signifiant. Mais il y a plus. Il y a qu’inscrit et reconnu, placĂ©, l’enfant peut se rapporter Ă  une image de lui aimable. Il peut s’aimer, se dĂ©couvrir dans le miroir oĂč apparaĂźt une image unifiĂ©e d’un corps encore en proie au dĂ©sordre des pulsions le propre rapport de l’enfant Ă  son image est quelque chose qui est sous-tendu par l’amour de la mĂšre, par un certain amour que la mĂšre peut donner. Mais pour des raisons de lĂ©sions dans la structure, le rapport au miroir peut se figer, se fixer. On entre dĂšs lors dans le carrousel purement imaginaire du lien amoureux porteur de toutes les dĂ©rives destructrices que le seul narcissisme alimente. L’amour relĂšve de la structure narcissique. On aime d’abord soi. Mais il faut distinguer les dĂ©rives pathologiques de cette structure narcissique. A purement se mirer et aimer soi dans l’autre devenu support d’une image, il se crĂ©e un lien transitif oĂč l’autre devient moi, moi l’autre. » Ainsi en parlait Lacan en 1962 dans son sĂ©minaire sur Le Transfert. Si l’autre n’est pas autre chose que celui qui me renvoie mon image, je suis lui, en effet, rien d’autre puisque je me vois ĂȘtre en lui. LittĂ©ralement, je suis cet autre et s’il existe lui aussi se voit Ă  ma place. Comment savoir si ce que je me vois ĂȘtre lĂ -bas n’est pas tout ce dont il s’agit puisqu’en somme l’autre, ce miroir, il nous suffit de le supposer lui – ce miroir dĂ©vorant – pour concevoir que lui en voit tout autant et que quand je le regarde, c’est lui en moi qui se regarde et se voit Ă  la place que j’occupe en lui. » Dans cette une confusion entre le moi et l’autre, une bataille pour la maĂźtrise fait rage car l’autre en qui je crois voir mon image et dont je fais mon double sera d’un mĂȘme mouvement constituĂ© en une figure d’autoritĂ© et de pouvoir Ă  laquelle je me voue mais dans la concurrence duelle, la concurrence mortifĂšre, l’agressivitĂ© destructrice si tant est que je me veuille Ă  sa place. Enfer oĂč le couple amoureux ici livrĂ© aux seuls mirages narcissiques, Ă  la haine et Ă  ses ravages s’avĂšre vouĂ© au tourment. Dans un tel couple l’amour se fixe Ă  l’illusion de la complĂ©tude, de l’unitĂ©, du tout. DĂšs lors l’au-delĂ  de la loi de toute grande passion dĂ©gĂ©nĂšre en une – 33 – M-CL. BOONS loi rĂ©elle exercĂ©e par un des deux partenaires sur l’autre. Manoeuvre d’autant plus fascinante et funeste que l’un qui fait la loi sur l’autre peut se parer de la transcendance de l’amour Ă  l’égard de toute loi pour imposer en vĂ©ritĂ© ce qu’il veut et ce qu’il dĂ©cide. Je vous en donne un exemple. Un adolescent entretient avec son frĂšre aĂźnĂ© une relation de type amoureux. Un jour l’aĂźnĂ© dit au petit Viens me chercher vendredi Ă  six heures. Nous partirons ensemble passer le week-end Ă  la campagne. » A l’heure dite, il n’y avait personne. Le petit frĂšre place un mot sur la porte Je t’attends au cafĂ© du coin. » Il attend plusieurs heures et retourne chez lui. Le samedi, il tĂ©lĂ©phone. Personne. Pendant trois jours aucune rĂ©ponse. Enfin, le quatriĂšme jours, le frĂšre aĂźnĂ© dĂ©croche. Et le jeune adolescent en colĂšre commence par dire Tu aurais tout de mĂȘme bien pu... » Alors l’autre l’interrompt immĂ©diatement Tu ne vas pas tout de mĂȘme commencer Ă  me faire des reproches. Tu sais bien qu’on pourrait bien ne pas se voir pendant un an et on s’aimerait toujours. » On voit ici comment le frĂšre aĂźnĂ© impose sadiquement la loi de son dĂ©sir au nom d’un idĂ©al amoureux qu’il invoque pour faire taire toute rĂ©volte du jeune frĂšre. Et celui-ci prĂȘt Ă  Ă©clater en colĂšre se trouve pourtant muet, obligĂ© de se faire violence pour considĂ©rer avec son frĂšre aĂźnĂ© que c’est la bonne maniĂšre de voir les choses On s’aimera toujours. » C’est un exemple caricatural mais il dĂ©crit la structure d’une situation amoureuse frĂ©quemment rencontrĂ©e oĂč le partenaire rĂ©el soumet Ă  son propre dĂ©sir – nous dirions plutĂŽt Ă  son caprice dĂ©sirant – l’autre du couple, rĂ©duit au silence de sa propre parole qu’aucun relais symbolique ne vient soutenir. On est ici au plus prĂšs de ce que Lacan disait dans un texte qui s’appelle Subversion du sujet » Le dit premier dĂ©crĂšte, lĂ©gifĂšre, aphorise, est oracle, il confĂšre Ă  l’autre rĂ©el son obscure autoritĂ©. » CaractĂšre obscur de l’autoritĂ©. Quelques lignes plus loin, Lacan Ă©voque le fantĂŽme de la toute-puissance non pas du sujet mais de l’autre et avec ce fantĂŽme, l’Autre, l’absolue nĂ©cessitĂ© de son bridage par la loi. Si la loi, celle qui trouve sa consistance dans l’inscription du signifiant dit Nom-du-pĂšre » , rĂ©ussit Ă  brider » cette toute-puissance qui hante l’Autre comme un fantĂŽme, alors on peut saisir que la loi puisse ĂȘtre Ă©prouvĂ©e comme un don du pĂšre symbolique. Qu’elle s’origine du dĂ©sir ou qu’elle le crĂ©e – Lacan maintient l’ambiguĂŻtĂ© de la question – cette loi peut ĂȘtre aimĂ©e » si tant est qu’elle soutient la possibilitĂ© pour l’enfant, de sortir de l’ĂȘtre de pur objet, captif de la jouissance d’un Autre, dont la toute-puissance vient donc Ă  ĂȘtre bridĂ©e » par cette loi mĂȘme. Les figures de l’amour chez Lacan – 34 – La psychanalyse et la question de l’amour En 1973, prenant trois ronds de ficelle dont il ne fait pas un noeud mais une chaĂźne4, en sorte que seule la rupture du rond du milieu qu’il nomme moyen » libĂšre les extrĂ©mitĂ©s qu’il nomme extrĂȘmes », Lacan dĂ©cide d’assigner le Symbolique au lieu de la jouissance, le RĂ©el au lieu de la mort, et l’Imaginaire, comme il l’a toujours soutenu, au registre du corps. Selon la place de moyen » qu’occupe un des trois ronds, il distingue trois grands types d’amour. Dans l'Amour courtois issu, dit-il, de l’eros antique, l’Imaginaire du corps fait moyen entre le RĂ©el de la mort et le Symbolique, en charge de jouissance. C’est donc, ici, l’Imaginaire du corps qui enlace, ou plutĂŽt qui tient en laisse, qui fait tenir ensemble la mort comme RĂ©el et le Symbolique en place de la jouissance. Le deuxiĂšme grand type d’amour est l’Amour divin qui expulserait l’Imaginaire du corps et le dĂ©sir courtois de la place centrale, pour y Ă©tablir le Symbolique de la jouissance qui dĂšs lors attache le RĂ©el de la mort et le corps. Enfin la relĂšve contemporaine de cet amour divin introduit par le christianisme, trouverait Ă  se rĂ©fugier dans l’amour masochique le RĂ©el de la mort y lierait jouissance symbolique et Imaginaire du corps. Cet amour masochique, Lacan prĂ©tend – ce jour-lĂ , le 18 dĂ©cembre 1973 –, qu’il a suscitĂ© les analystes la psychanalyse hĂ©riterait du dĂ©placement du dĂ©sir induit par l’amour chrĂ©tien du pĂšre divin, Ă  quoi ferait relais le masochisme. C’est justement ce dont la psychanalyse aurait Ă  se corriger soit rendre possible autre chose que l’amour chrĂ©tien ou que son leg, l’amour fondĂ© dans le masochisme. Lacan, par l’importance mĂȘme qu’il accorde Ă  l’invention chrĂ©tienne de l’amour a toujours conçu la psychanalyse comme ce qui devrait y faire piĂšce, comme quelque chose qui devrait s’y opposer. La victoire de l’une signerait l’échec de l’autre. C’est en somme l’une ou l’autre », dit-il. Si la religion triomphe ce sera le signe que la psychanalyse a Ă©chouĂ©. » En fait, il ajoute que la psychanalyse ne triomphera pas de la religion, que la religion est increvable. La psychanalyse ne triomphera pas, elle survivra ou pas. »5 La religion risque de l’emporter parce qu’elle a cette capacitĂ© extraordinaire Ă  donner du sens Ă  tout ce qui n’en a pas. Il y a pour Lacan des amours qui existent et qui ne seraient jamais que des variations d’un amour relevant d’une structure soumise aux conditions singuliĂšres d’un nouage entre RĂ©el, Imaginaire et Symbolique. Ces variations sont dĂ©posĂ©es dans des Ă©crits, constituĂ©s en archives, et c’est lĂ  que se trame l’histoire des formes 4. J. Lacan, Les non-dupes errent, inĂ©dit, sĂ©ance du 18 dĂ©cembre 1973. 5. Extrait d’une confĂ©rence de presse, Rome, 1974. – 35 – M-CL. BOONS de l’amour. Il Ă©crit dans les entretiens Ă  Yale University Ce qu’on appelle l’histoire est l’histoire des Ă©pidĂ©mies et il faut de l’écriture car l’histoire se fait au sujet de ce qui a Ă©tĂ© Ă©crit. Chaque tradition amoureuse, chaque â€œĂ©pidĂ©mie” est créée aprĂšs coup par le rassemblement dans un nom qui, de s’écrire, fait qu’il y aura eu cette figure-lĂ  de l’amour. Dans ce rassemblement, les comportements prescrits spĂ©cifient pour une Ă©poque, voire pour un siĂšcle, les types de liens, les pratiques amoureuses entre ceux qu’on appelle les hommes et celles qu’on appelle les femmes », Ă  moins que ces liens ne se nouent entre lesdits hommes ou lesdites femmes, Ă  moins encore qu’ils ne dĂ©bouchent sur l’amour du beau, du bien ou de Dieu. Le platonisme, le saphisme, l’amour courtois, l’AgapĂ© chrĂ©tienne, le pur amour fĂ©nelonien, les prĂ©cieuses, le libertinage, la vertu rĂ©volutionnaire, l’amour mystique, le romantique, celui des saint-simoniennes, la garçonne des annĂ©es folles, autant – parmi beaucoup d’autres – de configurations ou figures qui lient les partenaires de l’amour selon des codes, un type d’idĂ©al, des rĂŽles et des pouvoirs Ă  chaque fois distincts. Sur chaque scĂšne, dĂ©sir et amour ont des fonctions singuliĂšres ils s’excluent, s’évincent Ă  moins qu’ils ne se confondent. Ainsi tout figure finalement assemblĂ©e dans une nomination – l’amour courtois », les saint-simoniennes » – constitue donc un mode singulier d’existence de l’amour tĂ©moignant non pas d’une prĂ©tendue substance Ă©ternelle mais d’une Ă©laboration sans cesse renouvelĂ©e des figures. Certains modes de l’amour laissent des traces plus que d’autres. Ainsi, sans pour autant lĂącher la thĂšse de l’hĂ©ritage chrĂ©tien et de l’amour masochique, Lacan dira des idĂ©aux courtois qu’ils marquent encore les comportements amoureux de notre modernitĂ©. Et il va jusqu’à suggĂ©rer que la distance tĂ©lĂ©visuelle ou minitellienne, ou aujourd’hui la virtualitĂ© internetienne, n’est au temps des mĂ©dia qu’un sous-produit gadgĂ©tique ravalĂ© au plus bas, de la distance courtoise. Ces modes de l’amour ont des exceptions, des nuances, des pĂŽles contradictoires. Ainsi, par exemple, au sortir de la RĂ©volution française, le XIX e, bridĂ© par le code civil, tente d’enfermer les femmes et de les enserrer dans leur corset mais en mĂȘme temps on cĂ©lĂšbre les femmes les plus libres Germaine de StaĂ«l, Georges Sand, etc. Multiples formes donc, hĂ©ritages toujours diversifiĂ©s et toujours en travail, notre mĂ©moire – ou plutĂŽt notre oubli, comme dirait BorgĂšs parlant de la mĂ©moire – porte les traces des discours successifs sur l’amour. C’est bien avec ces traces que nous abordons les textes Ă©crits qui font archive. Aujourd’hui, n’écrivons-nous pas l’histoire passĂ©e de l’amour en la rĂ©inventant Ă  partir d’une nouvelle raison qui nous tient, qui nous marque, celle que met en scĂšne le discours freudien relancĂ© par Lacan et celle qu’annonce les change- – 36 – La psychanalyse et la question de l’amour ments en jeu dans notre sociĂ©tĂ© ? Donc, quel nouvel amour aprĂšs ce qui fut l’inconscient, plus l’expĂ©rience de l’inconscient ? Quel nouvel amour dans notre sociĂ©tĂ© telle qu’elle devient ? Ayons vis-Ă -vis du terme nouveau la plus stricte mĂ©fiance. N’empĂȘche. Lacan qui ne croit pas au progrĂšs idĂ©al ne se prive pas pour autant de suggĂ©rer en maints dĂ©tours de son enseignement des notions telles que refleurissement de l’amour », apparition de quelque chose d’autre. Et quand il Ă©crit une lettre Ă  trois Italiens en 1974, il attend de ceux-lĂ  qui sont responsables de la psychanalyse, qu’armĂ©s du RĂ©el et du Symbolique, ils sortent l’amour des phrases bavardes oĂč on le tient. Je pourrais multiplier les citations. Mais il y a incontestablement dans l’enseignement de Lacan une ouverture de la pensĂ©e orientĂ©e vers la nouveautĂ© d’un amour que le discours analytique induirait. Dans le processus de la cure, Lacan6 fait Ă©tat de ce moment oĂč le dĂ©sir de l’analyste reconduit le sujet jusqu’à ce point de diffĂ©rence originelle, du premier signifiant auquel il s’assujettit et d’oĂč surgit la signification d’un amour sans limite parce qu’il est hors des limites de la loi oĂč seulement il peut tenir ». Mais cette perspective-lĂ , du fait de l’inscription dans le signifiant qui fait surgir la signification d’un amour sans limite doit tout de suite se dialectiser, sans ĂȘtre confondue, avec ce que Lacan dit quelques lignes aprĂšs quand il parle de relations viables, tempĂ©rĂ©es, nĂ©cessitant l’intervention du mĂ©dium de la mĂ©taphore paternelle. Donc d’un cĂŽtĂ©, la signification d’un amour qui ne peut ĂȘtre qu’hors loi, qui se tient dans le sans-limite et qui est constituĂ© justement par l’intervention de la loi du langage, mais de l’autre il faut l’opĂ©ration paternelle pour Ă©tablir une relation viable, tempĂ©rĂ©e. Pour Lacan, ce ne peut ĂȘtre que dans la limitation originaire dont est porteuse la loi du signifiant que la valeur infinie de l’amour prend sa portĂ©e. En fin de compte ce que le discours psychanalytique, non pas promet, mais propose par le moyen de la cure, c’est peut-ĂȘtre un frayage Frayer la voie, dit Lacan, Ă  un refleurissement de l’amour en tant que l’a-mur, comme je l’ai dit un jour en l’écrivant de l’objet petit a entre parenthĂšses, plus le mot mur, puisque l’a-mur c’est ce qui le limite. »7 VoilĂ  ce que Lacan propose pour renouveler l’amour. 6. J. Lacan, Le SĂ©minaire, livre XI, Les quatre Concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1973, p. 247. 7. J. Lacan, Les non-dupes errent, inĂ©dit, sĂ©ance du 18 dĂ©cembre 1973. – 37 – M-CL. BOONS Comment saisir quelque chose de ce dire qu’il a Ă©crit a-mur » ?8 Entre homme et femme, il y a eu l’amour. Aujourd’hui, grĂące au discours psychanalytique, il serait devenu possible de baptiser cet amour, "amur". Pour une part, ce nouveau nom de l’amour dĂ©signe qu’à devenir lieu de circulation de l’objet a, cela fait mur. N’est-ce pas une maniĂšre de prĂ©server sa place au dĂ©sir, dans l’amour mĂȘme, si tant est que le dĂ©sir a toujours pour cause l’objet vide, soudain incarnĂ© et non point, comme dans l’amour, l’ĂȘtre d’un sujet ? Cette discordance n’est ni Ă  rĂ©duire, ni Ă  dialectiser. Elle doit ĂȘtre maintenue, comme telle La rĂ©duire signifierait qu’on sacrifie le dĂ©sir au nom de l'amour, la dialectiser, qu’on relĂšve la finitude du dĂ©sir par l’infinitĂ© de l’amour. Dans les deux cas, on fait comme s’il n’y avait pas de mur. Entre homme et femme, s’il y a amur, cela veut dire que le mur entre eux comme entre amour et dĂ©sir ne peut ĂȘtre aboli, mĂȘme si ce mur soutient l’objet ou plutĂŽt s’il est trouĂ© par l’objet. Mais, grĂące au mur et Ă  l’objet quelque chose peut passer, laissant ses chances Ă  l’hypothĂšse d’un refleurissement de l’amour. En 1974, Lacan a insistĂ© sur le non-recouvrement des deux mi-dires qui se rencontrent par hasard dans l’amour. Il parle Ă  ce propos de la connexitĂ© entre deux savoirs en tant qu’ils sont irrĂ©mĂ©diablement distincts... C’est non seulement irrĂ©mĂ©diable mais sans aucune mĂ©diation ... Quand ça se produit ça fait quelque chose de... tout Ă  fait privilĂ©giĂ©. Quand les deux savoirs inconscients se recouvrent, ça fait un sale mĂ©li-mĂ©lo... »9 Pour reprendre un thĂšme cher Ă  Alain Badiou, c'est un amour qui fait vĂ©ritĂ© de la disjonction ». Et Badiou d'ajouter L’amour seul marque le Deux dans une sorte de dĂ©-prise de l’objet qui n’opĂšre qu’autant qu’il y en a la prise... »10 Comment 8. On se souviendra de ses dĂ©clarations murales » lors de ses Entretiens de Sainte Anne, en 1971, intitulĂ©s Le savoir du psychanalyste. Entre ces murs asilaires bĂątis par la sociĂ©tĂ© capitaliste pour enfermer les cris » des psychotiques jugĂ©s dangereux voici que Lacan dit parler aux murs rĂ©flĂ©chissant sa voix. Une voix qui rĂ©sonne ». Mais Ă  quelle RESON recourir pour ce dont il s’agit, Ă  savoir du RĂ©el ? » A cette voix, support de l’objet, qu’on n’entend qu’à partir de sa "rĂ©flexion" sur les murs? Ces murs oĂč la voix se cogne et fait des Ă©chos, sont par excellence – au delĂ  des figurations qu’on peut y tracer Ă  partir des moisissures – supports de l’écrit. La logique n’est-elle pas un discours qui se tient sur le mur » ? Devant le mur il y a la parole et le langage, au-delĂ  du rĂ©el. 9. J. Lacan, Les non-dupes errent, inĂ©dit, sĂ©ance du 15 janvier 1974. 10. A. Badiou, Conditions, Paris, Seuil, 1973, p. 265. – 38 – La psychanalyse et la question de l’amour penser connexitĂ© » et disjonction » ? Question. On est ici, pourrait-on croire, assez loin de la thĂšse lacanienne qui fait de l’amour ce lieu oĂč s’ignorerait le dĂ©sir d’ĂȘtre Un, ce qui conduit Ă  l’impossible d’établir la relation deux sexes ». En fait, il n’en est rien. Car dans cette contingence amoureuse mĂȘme – oĂč l’amoureux Ă©crivant ses lettres cesse un temps, de ne pas Ă©crire quelque chose du rapport sexuel, tandis qu’il s’imagine qu’il ne cessera jamais de l’écrire – , l’amorce est conquise de ce qui doit s’achever Ă  le dĂ©montrer ce rapport comme impossible, soit Ă  l’instituer dans le rĂ©el11. C’est donc par le biais de l’amour que l’impossible deux du sexe est en fin de compte fondĂ© dans le rĂ©el. La lettre d’amour qui est d’abord contingente lorsqu’elle perd le mirage de sa nĂ©cessitĂ©, lorsqu’elle cesse de s’écrire, permet alors de concevoir la chose amour comme possible. C’est que la magie de la rencontre amoureuse a cessĂ© non sans avoir ouvert la possibilitĂ© d’un itinĂ©raire pour la vĂ©ritĂ© qu’elle celait. N’est-on pas dĂšs lors introduit dans ce processus infini oĂč le savoir des rĂšgles de l’amour comme jeu toujours en train de s’inventer, de se construire, se dĂ©termine moins d’une position de supplĂ©ance au rapport sexuel que d’une activitĂ© inventive et vĂ©rifiante attestant de ce qu’entre les deux sexes, il y a du rapport qui manque et que cela fait trou ? C’est donc bien l’amour comme invention qui fait preuve de l’impossible deux du sexe, ce qui n’implique pas, comme Lacan le souligne dans L’Étourdit, qu’il n’y ait pas de rapport au sexe. J’aurais encore voulu traiter du rapport de l’amour Ă  la jouissance mais le temps ne le permet pas. En tout cas, on posera qu’un savoir sur les rĂšgles passionnantes du jeu de l’amour, sans cesse inventĂ© Ă  partir des dire vrais qui sourdent de l’impossibilitĂ© d’écrire le rapport sexuel, le savoir de ces rĂšgles peut construire et Ă©crire quelque chose de l’amour. Si bien que la question de Beckett que je vous donnais au dĂ©but demeure complĂštement notre contemporaine comment ĂȘtre sĂ©parĂ©-ensemble ? 11. J. Lacan, TĂ©lĂ©vision, Paris, Seuil, 1973, p. 62. – 39 – Lucy Vincent, docteure en neurosciences et ancienne chercheuse au CNRS, Ă  Paris, a consacrĂ© une partie de ses travaux au phĂ©nomĂšne amoureux. Elle a publiĂ© Ă©galement quantitĂ© de livres sur la question. Que se passe-t-il dans notre cerveau quand nous tombons en amour, comme disent les QuĂ©bĂ©cois? Est-ce notre corps ou notre cƓur qui est Ă  la manƓuvre, sommes-nous libres finalement de choisir celui ou celle avec qui nous allons faire un bout de chemin ou sont-ce nos hormones et nos neurotransmetteurs qui dĂ©cident Ă  notre place? Les rĂ©ponses sont parfois surprenantes et il semblerait sur un plan strictement scientifique que nous soyons moins libres qu’on l’imagine au moment oĂč Cupidon bande son Comment explique-t-on que l’ĂȘtre aimĂ© a toutes les qualitĂ©s?Les expĂ©riences d’imagerie du cerveau ont montrĂ© que l’amour romantique, comme l’amour parental d’ailleurs, est caractĂ©risĂ© par une baisse d’activitĂ© dans la partie du cerveau associĂ©e aux Ă©motions nĂ©gatives, au jugement des intentions et des Ă©motions de l’autre. Les parties du cerveau qui commandent le discernement seraient mises en veilleuse pour ne pas juger trop sĂ©vĂšrement celui ou celle destinĂ©e Ă  faire un bout de chemin avec L’amour est-il une drogue? Il faut savoir qu’il y a un vĂ©ritable feu d’artifice de neurotransmetteurs qui se modifient durant l’état amoureux. Celui-ci libĂšre des endorphines responsables du plaisir Ă  ĂȘtre ensemble, mais induit Ă©galement de grands sauts d’humeur au dĂ©but de la relation. On passe trĂšs vite de l’euphorie au dĂ©sespoir pour peu que l’amoureuxse soit en retard, oublie l’anniversaire de votre rencontre, etc. L’élĂ©vation du taux de dopamine peut expliquer notre focalisation sur le partenaire et la tendance Ă  voir en lui un ĂȘtre unique. Le problĂšme rĂ©side ensuite dans le fait que l’émission de dopamine et d’endorphines est liĂ©e en grande partie Ă  la nouveautĂ©. AprĂšs un certain nombre de rencontres, on observe un tassement de l’effet euphorisant. L’amoureux est comme l’hĂ©roĂŻnomane, il a besoin d’une dose de plus en plus grande pour la libĂ©ration d’endorphines. Au fil du temps, chaque rencontre avec l’objet de son amour provoquera une plus faible dĂ©charge de dopamine et la dose d’endorphines se rĂ©duira d’autant pour atteindre un niveau correspondant au bonheur de la vie rĂ©guliĂšre Ă  deux. Plus monotone Ă©videmment. On appelle cet effet nouveauté» l’effet Coolidge. Du nom de ce prĂ©sident amĂ©ricain qui, visitant un Ă©levage bovin avec son Ă©pouse, fut impressionnĂ© par un taureau qui insĂ©minait jusqu’à 17 vaches par jour. Sa femme lui aurait dit Tu vois, 17 fois par jour » Ce Ă  quoi il a rĂ©pondu Certes ma chĂšre, mais pas avec la mĂȘme »3. Comment explique-t-on les unions qui durent? Pour ceux qui ont des projets de vie commune, vient alors le temps de faire l’apprentissage de la complicitĂ©. Avec l’aide d’une autre substance, l’ocytocine, qui va permettre d’inhiber justement l’installation de la tolĂ©rance. Depuis les annĂ©es 1970, on sait que cette hormone ne se cantonne pas Ă  la coordination de la naissance et de l’allaitement paradoxalement elle est produite par le corps des femmes au moment des contractions pour accĂ©lĂ©rer l’accouchement mais intervient dans le cerveau pour provoquer les sentiments d’attachement nĂ©cessaires pour promouvoir la survie de l’ Quelle part jouent les odeurs dans la sĂ©duction? Les gĂšnes produisent toutes sortes de protĂ©ines qui ont une influence sur l’odeur du corps. Une bonne part de la communication inconsciente se fait par le systĂšme olfactif. On a pu constater, par exemple, une aversion olfactive dans les couples pĂšre-fille et frĂšre-sƓur, ce qui donne au sens de l’odorat une importance dans le refus de l’inceste. On comprend mieux aussi l’étonnement qui saisit souvent les amoureux au dĂ©but de leur histoire quand ils rĂ©alisent avoir les mĂȘmes goĂ»ts, par exemple adorer les navets! Mais c’est justement le fait d’aimer tous les deux les navets qui explique qu’ils sont sĂ©duits mutuellement par l’odeur des navets mĂ©tabolisĂ©e dans l’odeur corporelle de l’autre. Non seulement parce que tous deux en mangent, mais ils surproduisent tous les deux l’enzyme qui digĂšre la cellulose du navet Ă  cause d’un gĂšne commun. L’odeur que vous trouvez irrĂ©sistible chez l’autre vous rappelle votre propre odeur. Chez la femme, il y a une plus grande sensibilitĂ© aux odeurs au moment de l’ Pourquoi ne les sent-on pas consciemment? Les neurobiologistes reconnaissent la liaison privilĂ©giĂ©e entre le sens olfactif et les fonctions inconscientes du cerveau grĂące, notamment, Ă  un dispositif anatomique qui permet Ă  l’information olfactive d’atteindre le cerveau qui sait, cognitif», par l’intermĂ©diaire de deux relais au lieu des trois requis habituellement pour tous les autres messages du systĂšme sensoriel. Les messages olfactifs sont envoyĂ©s directement dans les zones du cerveau liĂ©es aux Ă©motions. Il se passe entre deux personnes ce qui se passe avec les chiens, on se renifle sans s’en rendre compte. Ce n’est pas le seul ingrĂ©dient nĂ©cessaire Ă  la naissance de l’amour mais c’est un signal Quel est le rĂŽle exact de ces fameuses phĂ©romones dont on parle tant?On les trouve dans les urines, la transpiration, les selles ou sur la peau. Elles sont parfaitement inodores. Pour beaucoup d’espĂšces animales, elles rĂ©gulent tout ce qui concerne la vie en sociĂ©tĂ©. Certains chercheurs pensent que les phĂ©romones se libĂšrent aussi Ă  travers le sĂ©bum. Et comme la plupart des glandes qui le sĂ©crĂštent sont au niveau du cuir chevelu, de la face, du cou et de la lĂšvre supĂ©rieure, il est possible que le baiser soit impliquĂ© dans l’échange de messages phĂ©romonaux. Il y a une diffĂ©rence totale entre les voies suivies par les neurones phĂ©romonaux et les neurones olfactifs. Les premiers ont pour destination les zones hypothalamiques impliquĂ©es justement dans les fonctions hormonales et Le coup de foudre n’est qu’une histoire de phĂ©romones? Combien de temps dure l’amour passion? Et y a-t-il un temps limitĂ© pour tomber amoureux? C’est en tout cas le comportement humain qui ressemble le plus Ă  un phĂ©nomĂšne d’origine phĂ©romonale oĂč on ne peut invoquer des paramĂštres d’ordre intellectuel. L’amour passion qui implique l’état d’euphorie dĂ©crit prĂ©cĂ©demment dure, selon les Ă©tudes scientifiques, entre dix-huit et trente-six mois. Dans une approche plus traditionnelle, oĂč l’on prend le temps de faire connaissance, on a calculĂ© que le temps mis Ă  tomber amoureux n’excĂšde gĂ©nĂ©ralement pas un mois. Le cerveau est alors en possession de toutes les informations nĂ©cessaires pour dĂ©clencher le processus amoureux. Si l’on n’est alors pas sensible aux stimuli chimiques de l’autre, la gentillesse, l’humour ou l’intelligence ne suffiront pas. On se contentera peut-ĂȘtre dĂšs lors d’une simple Peut-on acheter un flacon de phĂ©romones sur internet pour augmenter ses chances de trouver l’élue de son cƓur? Non. MĂȘme si l’on sait que les chercheurs ont pu prouver la rĂ©alitĂ© de l’attraction des phĂ©romones mĂąles sur des femmes qui ont privilĂ©giĂ© les endroits oĂč elles avaient Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es, mĂȘme si les paysans utilisent depuis longtemps des phĂ©romones dans la reproduction animale, il faut se mĂ©fier des publicitĂ©s qui promettraient de trouver le bonheur en achetant ce genre de Plus on se ressemble, plus on a de chance de rester ensemble, c’est vrai? Oui. Contrairement Ă  l’idĂ©e commune que les contraires s’attirent, on remarque chez les couples une tendance Ă  choisir un partenaire qui a des similitudes physiques, culturelles et sociales. Les Ă©tudes scientifiques ont Ă©tĂ© faites Ă  partir de constatations de mĂ©decins dans diffĂ©rents pays qui Ă©taient frappĂ©s du fait que nombre de couples prĂ©sentaient des mĂȘmes symptĂŽmes et se plaignaient des mĂȘmes maladies. On a mesurĂ© certains paramĂštres comme la taille des parties du corps, le mĂ©tabolisme, la personnalitĂ©, les facteurs de susceptibilitĂ© Ă  certaines maladies psychiques, l’intelligence et le nombre d’annĂ©es passĂ©es Ă  l’école. Les couples se ressemblent bien plus que deux personnes prises au hasard dans la rue. C’est mĂȘme vrai pour des mesures comme le taux de cholestĂ©rol ou la pression sanguine. Et cette sĂ©lection des caractĂšres communs est antĂ©rieure Ă  l’installation du couple dans la durĂ©e, elle s’observe dĂšs sa crĂ©ation. En langage scientifique, on parle d’accouplement assortatif. Certes, d’un point de vue biologique il peut paraĂźtre contre-performant que les couples se forment sur la base de caractĂšres ressemblants. La thĂ©orie de l’évolution enseigne que plus les gĂšnes sont diffĂ©rents, plus on a de chances d’avoir des descendants en bonne santĂ©. Mais la nature est bien faite. Si on retient des traits de personnalitĂ©, de mĂ©tabolisme ou d’odeurs semblables aux nĂŽtres, il en va diffĂ©remment pour les gĂšnes liĂ©s Ă  l’immunitĂ© HLA. LĂ , c’est l’odeur diffĂ©rente qui est soudainement irrĂ©sistible. Des tests d’odeur sur des t-shirts prĂ©sentĂ©s Ă  121 hommes et femmes ont montrĂ© que les sujets choisissaient le vĂȘtement dont l’odeur Ă©tait la plus Ă©loignĂ©e d’eux au niveau des gĂšnes Peut-on encore croire Ă  notre libre arbitre? C’est peut-ĂȘtre un peu dĂ©plaisant Ă  entendre, mais le libre arbitre est une illusion dans le domaine de l’amour. La neurobiologie n’exclut toutefois pas de reconnaĂźtre sa magie, son mystĂšre, le fait que c’est un des plus grands bonheurs accessibles Ă  l’homme. Tous les effets ne relĂšvent pas d’un rĂ©flexe reproductif. Les mĂ©canismes neurobiologiques montrent aussi que l’amour romantique est bĂąti sur les mĂȘmes bases que l’amour entre un enfant et ses parents, et il semble bien que l’amour maternel fournisse un modĂšle de fonctionnement Ă  deux qui sera notre prĂ©fĂ©rence pour toute la vie. Rien n’est jamais figĂ©. MĂȘme si les connexions entre les rĂ©seaux de neurones rĂ©pondent Ă  des rĂšgles physiques, nous pouvons intervenir sur les paramĂštres de connexions. Le cerveau humain peut se modifier d’un instant Ă  l’autre selon ce que nous en faisons et l’endroit oĂč nous sommes. Plus notre cerveau est nourri par des expĂ©riences, des lectures, du savoir concernant l’amour, plus notre marge de manƓuvre s’agrandit. Ce qui explique aussi que le charme et le talent jouent un rĂŽle dans la sĂ©duction, si l’on pense Ă  quelqu’un comme Serge Gainsbourg. La fonction centrale qui nous diffĂ©rencie des animaux est la capacitĂ© Ă  nous raconter des histoires Ă  partir des stimuli qui arrivent Ă  notre cerveau d’animal romantique. L’histoire d’amour reste l’un des patrimoines de l’humanitĂ© les plus prĂ©cieux.>> Lire le tĂ©moignage de Nathalie et Steve>> * Pour en savoir encore plus L’amour de A Ă  XY», Comment devient-on amoureux?», Petits arrangements avec l’amour», trois ouvrages parus chez Odile Baumann PatrickpubliĂ© le 13 fĂ©vrier 2020 - 0911 L’amour est un concept que bien peu de gens, Ă  ma connaissance, maĂźtrisent ou du moins en maĂźtrisent le sens et l’essence. Le plus simple, pour rĂ©aliser cette vĂ©ritĂ©, c’est de lancer le sujet de l’amour en sociĂ©tĂ© » Ă  l’occasion d’un repas ou d’une rĂ©union, peu importe. Vous verrez que, dans plus de 90% des cas, quand vous lancez le sujet, les gens y rĂ©pondent par le cas particulier de la relation de les avoir Ă©coutĂ©s, il suffit de leur poser la question TrĂšs bien, vous venez de me parler du couple ; mais qu’en est-il de la relation parent-enfant, ou encore de la relation amicale ? N’est-ce pas de l’amour ? » Ce qui devrait dĂ©boussoler votre interlocuteur qui finira inĂ©luctablement par bredouiller que c’est pas pareil, etc. pour ne pas perdre la face. Et pourtant, la relation parent-enfant est basĂ©e sur un amour inconditionnel. La vĂ©ritable relation amicale cette introduction courte mais essentielle, nous pouvons rĂ©aliser qu’avant de parler d’amour, il convient de dĂ©finir le mot amour » ou aimer. L’amour est universel » nous dit-on dans le sillage d’un JĂ©sus Christ. D’accord, mais cela ne dĂ©finit pas le mot en question. Finalement, je pense que la bonne question Ă  se poser, c’est Quel est le point commun entre le couple, l’amitiĂ© et la filiation ? ». En clair, c’est en cherchant ce point commun que nous pourrons Ă©ventuellement approcher une dĂ©finition plus juste du verbe aimer qui s’applique Ă  ces trois relations. Car oui, il y a bel et bien un point commun Ă  ces trois cas particuliers. LĂ©o TolstoĂŻ il y a plus d’un siĂšcle a Ă©crit Aimer, c’est accepter l’autre tel qu’il est ». VoilĂ  le point commun. Et donc, j’ai tendance Ă  penser que cette citation de TolstoĂŻ est la meilleure dĂ©finition Ă  ce jour du verbe aimer ».Evidemment, toujours dans l’optique de ne pas perdre la face » j’y reviendrai plus tard, un certain nombre d’individus rejetteront cette dĂ©finition en s’embarquant dans des explications plus ou moins confuses, compliquĂ©es et superfĂ©tatoires. Puis ils dĂ©clareront que la discussion ne les intĂ©resse pas, tenant impĂ©rativement Ă  clore le sujet - mais en ayant le dernier mot, ça va de soi. Heureusement, d’autres interlocuteurs se montreront moins obtus et nous pourrons pousser la discussion avec eux dans une ambiance cordiale et de bon dĂ©finition tolstoĂŻenne, appliquĂ©e au couple montre qu’il convient ainsi de ne pas se mĂ©prendre sur les motivations des deux protagonistes et de ne pas mĂ©langer les choses. Car le couple, c’est compliquĂ©. Trois notions s’entrechoquent dans cette relation particuliĂšre et chacune de ces trois notions est indĂ©pendante de l’autre Le dĂ©sir, qui est Ă  la base de toute relation sexuelle et dont le but conscient ou pas est la vivre ensemble est encore autre chose et dĂ©passe le dĂ©sir dans la mesure oĂč le couple qui s’installe ne fait pas que tenter de se reproduire mais chacun des deux protagonistes apprend Ă  vivre 24/7 avec l’autre, ses tics et ses manies, mais aussi ouvre des sujets de discussion avec l’ enfin, tel que dĂ©fini dans le paragraphe prĂ©cĂ©dent. Sans respect ou tolĂ©rance, il ne peut y avoir d’ autant le dĂ©sir Ă©volue avec le temps, autant le vivre ensemble peut devenir compliquĂ© voire difficile, autant l’amour, lui, n’est pas Ă  gĂ©omĂ©trie variable et est le seul Ă©lĂ©ment constant de la relation, vĂ©ritable point d’ancrage. Evidemment, le dĂ©sir rend aveugle, des deux cĂŽtĂ©s. Et quand il s’émousse, beaucoup de couples rĂ©alisent que, dans les faits, ils ne s’aiment plus, certaines personnes, faisant l’amalgame entre amour et couple d’une part, entre amour, vivre ensemble et dĂ©sir d’autre part, ont bien du mal Ă  comprendre ce qui a bien pu se passer pour en arriver au divorce ou Ă  la la mĂ©connaissance de l’amour qui en est le principal responsable. Avoir peur de perdre la face » dans cette situation est un terrible aveu de faiblesse, une sorte d’armure de protection dans le but de se protĂ©ger et de se prĂ©server suite Ă  cet pour ce premier chapitre, j’espĂšre qu’il vous aura plu et Ă  bientĂŽt pour la suite dans le chapitre Psychanalyse ».Alain CrĂ©mades

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